Une première approche de la lignée humaine (d'après encyclopédia universalis remaniée).

Après avoir dégagé dans le texte

  1. l'époque de la divergence des lignées entre la lignée humaine et les singes ;
  2. les caractéristiques des Australopithèques par rapport à leurs ancêtres simiens ;
  3. les caractéristiques présentées de la lignée humaine ;
  4. les particularités du sénario rendant compte de cette divergence.

Mettre en relation ces données du texte avec les documents suivants :

http://marcel.dellanoce.free.fr/lycee/ w1etd1a1.htm

La connaissance de notre histoire, conditionnée par la découverte de fossiles, est forcément biaisée par le fait que les données sont fragmentaires et ce pour toutes les périodes. Les scénarios évoluent donc continuellement en fonction de nouvelles découvertes et de la réinterprétation des fossiles qui est liée à l’amélioration des techniques et de nos connaissances. C’est pour cela que l’histoire de notre histoire est en perpétuel mouvement.

1. La divergence Homme-grand singe

Aujourd’hui, les travaux se sont affinés; les paléontologues et les molécularistes s’accordent à situer cette divergence aux alentours de 6 à 7 Ma.

2. Les grands singes fossiles

Pour comprendre l’histoire de la famille des Homininés, il est essentiel d’envisager aussi celle de ses plus proches parents, les grands singes. C’est en Afrique orientale, il y a près de 24 Ma (à l’Oligocène supérieur), que les premiers grands singes vrais ont été reconnus avec le Kamoyapithèque découvert dans un gisement situé à l’ouest du lac Turkana (Kenya). Toutefois, leurs ancêtres ne nous sont pas encore connus.

3. Des grands singes aux Homininés

Le passage des grands singes à l’Homme est toujours le sujet d’un débat brûlant. Il est bien difficile de trouver les liens de parenté entre eux, les fossiles datés entre 10 et 4,5 Ma étant trop peu nombreux et souvent fragmentaires. Dans l’état actuel de nos connaissances, tous les grands singes attribués à cette époque et liés à notre histoire directe sont exclusivement localisés en Afrique de l’Est (Kenya).

Le passage d’un grand singe à un Hominidé ancien se situe probablement entre 10 et 4,5 Ma; mais à quel endroit?

4. Une question de climat : East Side Story

Depuis toujours, l’évolution des êtres vivants a été conditionnée par la position des continents, par les changements de climat et de milieu et par d’autres phénomènes liés à l’évolution de la biosphère. Les Homininés n’ont probablement pas fait exception à la règle. Il reste clair aujourd’hui que les plus anciens Homininés sont africains et peut-être localisés en Afrique orientale. Il faut, cependant, préciser que nous ne connaissons des fossiles que dans cette région du monde, car cette dernière a été la plus prospectée. Les scénarios d’évolution des Homininés sont donc biaisés par le manque de découvertes en dehors de cette province est-africaine. Toutefois, les nombreuses informations recueillies dans la vallée de l’Omo (sud de l’Éthiopie), entre 1967 et 1981, sur les faunes et les flores du Plio-Quaternaire permettent de lever une partie du voile sur ce problème. C’est Yves Coppens qui, en 1981, eut l’idée d’un scénario éco-géographique de l’origine de l’Homme. Des travaux plus récents, effectués entre 1985 et 1994, sur la géologie et la paléobiologie de l’Ouganda, entre 15 et 2 Ma, ont renforcé cette hypothèse. L’Homme serait né d’un phénomène tectonique qui aurait bouleversé le climat en Afrique orientale. Vers 18 Ma, la région est-africaine, où habitent les grands singes, connaît une activité tectonique qui provoque le soulèvement de la région. Aux alentours de 8 Ma, sous l’effet d’une réactivation importante de la tectonique, un effondrement témoigne de la formation du rift dont les épaulements vont provoquer une première barrière de pluie. Les descendants des Kenyapithèques, qui habitaient la région, vont se trouver peu à peu isolés: ceux qui vivent à l’ouest de la cassure vont s’adapter à la vie en forêt et évoluer vers des formes aujourd’hui bien connues (chimpanzés et gorilles); ceux qui demeurent à l’est du rift vont devoir s’adapter à des changements importants dans un milieu qui s’assèche progressivement (ce sont peut-être les ancêtres les plus lointains des Hommes). C’est la fameuse East Side Story  de Coppens. Les premiers Hommes, quant à eux, seraient nés d’un deuxième phénomène tectonique majeur. En effet, aux environs de 2,5 Ma, le Rift oriental continue de jouer, mais il y a aussi un effondrement majeur plus à l’ouest, dans le Rift occidental, qui conduit à l’établissement d’une deuxième barrière de pluie. C’est à ce moment-là (à quelques centaines de milliers d’années près), qu’apparaît un être tellement proche de nous que les paléontologues lui ont donné le nom scientifique de Homo . C’est ce que Coppens a appelé plus récemment l’"(H)Omo  event" car le phénomène est bien marqué dans les gisements de la vallée de l’Omo.

5. Les premiers Homininés

Pièces de statut indéterminé

En 1995, la découverte par Tim White et son équipe, de Ardipithecus ramidus , vieux de 4,4 Ma, est venue relancer le débat sur l’origine des Homininés. Il faut tout de même préciser que si l’Homme et les grands singes africains ont un ancêtre commun, il est évident que plus on se rapproche de la souche, plus il est difficile d’isoler les caractères des uns et des autres.

Australopithèques

Les plus anciens Homininés vrais proviennent des niveaux Pliocènes (environ 5 Ma) du Kenya et de l’Éthiopie. Ce sont des Australopithèques. Aujourd’hui, on en reconnaît sept espèces, qui ne sont pas acceptées par tous les chercheurs. Parmi celles-ci nous en mentionnerons trois.

"Australopithecus anamensis"

Cette espèce, découverte par Meave Leakey et Alan Walker en 1995, sur les sites de Kanapoi et d’Allia Bay au Kenya serait vieille de 4,4 à 3,2 Ma environ. Elle est représentée par des fragments de mâchoires et des os des membres. Ce qui est particulièrement intéressant est que les mâchoires présentent des caractères que l’on retrouve chez certains spécimens d’A. afarensis  de Hadar, en Éthiopie (comme Lucy), ou de Laetoli, en Tanzanie, et que le squelette postcrânien est très humain (il ne peut être distingué d’un Homme actuel). Cette espèce est donc très humaine par le squelette postcrânien et moins humain par ses dents. De nombreux paléontologues considèrent A. anamensis  comme l’ancêtre de tous les autres australopithèques et de l’Homme, ou bien comme un australopithèque un peu particulier. Mais cette espèce, très humaine par son squelette locomoteur, pourrait aussi être considérée comme un témoignage ancien de la lignée exclusivement humaine et ce, dès 4 Ma. Il faut rappeler en effet, que les célèbres traces de pas du bipède de Laetoli en Tanzanie (découvertes en 1978 par Mary Leakey et son équipe), vieilles de 3,8 Ma seraient également très humaines.

"Australopithecus afarensis"

L’Australopithecus afarensis , connu aujourd’hui (entre 4,4 et 2,6 Ma) en Éthiopie, en Tanzanie et peut-être au Kenya, est probablement l’espèce d’Australopithèque la plus célèbre depuis la découverte, en 1974, sur le site de Hadar, en Éthiopie, d’un squelette complet à 40 p. 100, baptisé Lucy. Mis au jour par une équipe franco-américaine co-dirigée par Yves Coppens, Donald Johanson et Maurice Taieb, le squelette de Lucy, vieux de 3 Ma, est, dans l’état actuel de nos connaissances, le squelette le plus complet connu pour les périodes très anciennes de notre préhistoire (les autres découvertes n’étant que des fragments de dents). A. afarensis  est un être de taille plutôt petite (1,10 m en moyenne), possédant une boîte crânienne de la taille de celle d’un chimpanzé (la capacité crânienne de Lucy est de 360 cm3). Le bourrelet sus-orbitaire est peu marqué chez Lucy, mais plus fortement chez d’autres individus. La différence de taille entre les mâles et les femelles serait bien marquée. Les proportions corporelles d’A. afarensis  sont très particulières: en effet, ses membres inférieurs seraient encore assez courts, ce qui donne l’impression de membres supérieurs assez longs. Le poids relatif des divers segments corporels chez Lucy (intermédiaire entre ceux de l’Homme et du chimpanzé) montre que son centre de gravité est déplacé vers le bas sans être identique à celui de l’Homme. Comme la plupart des autres Australopithèques, ces premiers Homininés sont adaptés à un mode de locomotion particulier : une forme de bipédie un peu claudicante, associée à un grimper arboricole.

"Australopithecus bahrelghazali"

En 1995, était annoncée la découverte du premier Australopithèque au Tchad (baptisé Abel), hors de la province est-africaine. Vieux de 3 Ma, il est représenté par une mandibule dont les caractères sont très particuliers pour des Australopithèques: implantation des dents antérieures, forme de la symphyse mandibulaire, morphologie dentaire. Cette découverte est exceptionnelle par sa localisation, à près de 2 000 kilomètres de la région classique d’évolution des Homininés anciens. Toutefois, elle ne remet pas en cause la fameuse "East Side Story" d’Yves Coppens, puisque selon cette hypothèse, il est admis que la différenciation entre les grands singes et les Hommes se serait passée vers 8 Ma. Pour que l’hypothèse devienne obsolète, il faudrait découvrir des Australopithèques de 8 Ma dans des régions comme le Tchad ou bien des chimpanzés de 3 Ma en Éthiopie.

6. Les premiers Hommes

Reconnus avec certitude dès 2 Ma, les premiers Hommes pourraient avoir été présents bien avant, vers 4 Ma. Comme dans le cas des Australopithèques, plusieurs espèces sont connues, mais pas forcément reconnues: Homo habilis , Homo erectus.  Les représentants du genre Homo  ont été classiquement décrits en Afrique orientale.

Homo habilis

Les restes découverts en 1960 sur le site d’Olduvai en Tanzanie (une mandibule, deux pariétaux, des os des mains et d’un pied presque complet), furent l’objet d’un travail publié officiellement en 1964 par Louis Leakey, Phillip Tobias et John Napier sous le nom d’Homo habilis . C’est la capacité crânienne importante (760 cm3) qui trouble les chercheurs: à l’époque, cette capacité crânienne semblait énorme comparée à celle des quelques Australopithèques reconnus. Son âge avoisine 2,5 Ma. Comparés aux Australopithèques, les premiers Hommes sont de morphologie dentaire plus gracile, le palais est plus creux, le crâne est plus arrondi, les arcades zygomatiques moins saillantes et la face un peu plus plate sans être orthognathe (droite).